
n° 47 (printemps 2026)
Intermédialités. Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques
Intermediality. History and Theory of the Arts, Literature, and Technologies
http://intermedialites.com/en/2738-2/
Sous la direction de :
Christina Contandriopoulos, Université du Québec à Montréal
Valeria Téllez Niemeyer, Université du Québec à Montréal
Date de soumission des propositions : 1er février 2025
Annonce des résultats de la sélection des propositions : 1 mars 2025
Soumission des textes complets aux fins d’évaluation : 1er aout 2025
Publication des textes retenus par le comité de rédaction : printemps 2026
La cartographie officielle, qu’elle soit nationale, institutionnelle ou corporative, a historiquement opéré des formes de violence en imposant les valeurs dominantes d’une société sur un territoire (Harley, 1989; Rüeck, 2014). Loin de se limiter au seul espace géographique, la cartographie a participé à l’étouffement et au contrôle de communautés, de cultures et de lieux.
Pour contrer cette hégémonie géographique, la contre-cartographie apparaît comme un outil et un langage de résistance : « Toute erreur cartographique est un poème résistant pour sa survie », écrivait récemment le poète géographe Jean Morisset (1940–2024). La contre-cartographie défie les récits dominants et les représentations officielles du territoire pour rendre visibles les revendications d’individus et de communautés marginalisées. Théorisée dans les années 1990, la contre-cartographie est une branche de la cartographie critique qui a elle-même émergée au sein de la discipline géographique au milieu des années 1980. La cartographie critique vise essentiellement à démontrer le rôle des cartes en tant que constructions sociales marquées par des relations de pouvoir (Harley, 1989; Pickles, 2004). La contre-cartographie va plus loin. Dans son texte clef de 1995, “Whose woods are these…”, la sociologue Nancy Peluso démontre que les « contre-cartes autochtones augmentent considérablement le pouvoir des personnes vivant dans une zone cartographiée de contrôler les représentations d’elles-mêmes et leurs revendications en matière de ressources » (Peluso, 1995). De nos jours, les liens entre les pratiques de la contre-cartographie et les mouvements décoloniaux sont devenus indissociables. Les contre-cartes jouent un rôle politique important dans les revendications territoriales de peuples autochtones et de populations colonisées pour dénoncer ou promouvoir des changements de gouvernance basés sur des consultations citoyennes ascendantes.
Si le terme « contre-cartographier » a été bien défini par les géographes (Hirt, 2022; Peluso, 1995) quel est l’apport d’autres disciplines telles que la littérature, les traditions orales, les arts visuels, l’histoire de l’art, de l’architecture et des médias (Besse et Tiberghien, 2017; Bracco et Genay, 2021; Mitchell, 1994; Tiberghien, 2007, 2010) ? Plusieurs artistes, écrivains, architectes et activistes ont réalisé des œuvres ou des récits qui transforment la perception du territoire. Ce dossier vise deux objectifs principaux. Premièrement, il s’agira d’identifier, de documenter et d’analyser des pratiques de contre-cartographies en tant que processus créatifs qui agissent, dialoguent et transforment le territoire. D’autre part, ce sera l’occasion de faire un bilan des enjeux théoriques récents. Plusieurs questions pourraient guider les propositions. Parmi les exemples possibles : quelles sont les matérialités et les supports de la contre-cartographie ? Quel est l’apport des approches intermédiales ? Serait-il possible « de retourner les cartes historiques contre elles-mêmes » (Rüeck, 2014) ? Quelle est la différence entre un relevé, une carte et une contre-carte ? Nous invitons des propositions issues d’un large éventail de disciplines, y compris des savoirs traditionnels, liées à la contre-cartographie telle qu’elle est comprise ou mise en œuvre par différentes cultures et dans différents lieux.
Les propositions d’articles (350 à 400 mots) doivent être acheminées avant le 1er février 2025 aux adresses suivantes :contandriopoulos.christina@uqam.ca et valtellezniemeyer@gmail.com. En plus du résumé de la proposition, une bibliographie préliminaire (cinq livres ou articles) ainsi qu’une brève notice biographique (programme d’études, champs d’intérêt, 5 à 10 lignes) sont demandées. Les propositions seront évaluées par le comité scientifique de la revue, en fonction de l’originalité de l’approche et de la pertinence de la problématique.
Les articles définitifs seront à soumettre 1er août 2025. Ils devront avoisiner les 6 000 mots (40 000 caractères, espaces compris) et pourront comporter des illustrations (sonores, visuelles, fixes ou animées), dont l’auteur·e de l’article aura pris soin de demander les droits de publication.
Il est demandé aux auteur·e·s d’adopter les normes du protocole de rédaction de la revue, disponible à l’adresse suivante :
[EN] http://intermedialites.com/wp-content/uploads/2016/01/Submission-Guidelines-2017-EN-May-2017.pdf
